Production d’un Villon moderne – 1849

Publié le : 30 août 20172 mins de lecture

Copiée sur les murs d’un cabanon de la prison de la Roquette. Comme elle a, elle aussi, sa morale, et qu’elle est écrite dans le style des voleurs, nous la reproduisons comme une pièce assez curieuse, et nous nous gardons bien d’en changer le sens et l’orthographe.

Air connu.

Un soir que j’étais dans la débine,
Un coup de vaque il nous fallut donné
Pour travailler, je mis au plan ma rondine,
Et mes outeils, nous fûmes les déplanquer. (Bis.)
Mais en passant le portier vous excrache ;
J’étais fargué, mais l’habit cachait tout ;
Le jardinant, je frisais ma moustache.
Un peu de toupe, et je passe partout. (Bis.)
En deux temps, j’remouque et j’débride ;
Tout deux, en braves, nous barbottions,
Chez un banquet, la caisse n’est jamais vide ;
D’or et de billet, nous trouvons un million. (Bis.)
J’me suis lancé tout à coup dans l’grand monde,
Dans l’espoire de me paré de tout.
J’ai courtisé femmes brunes et blondes.
Quand on est riche on peut passé par tout. (Dis.)
J’ai vaicut dans l’indépendance ;
J’ai par courut les bals et les salons.
Dans les palais où règne l’opulence,
L’on mi rendi les honeurs d’un baron.
J’avais valais et caléche à ma suite.
Mes bons amis, puisqu’il faut vous dire tout,
Même à la cour j’ai rendu ma visite.
Quand on est riche, on peut passé par tout.

Halbert d’Angers – Le nouveau dictionnaire complet du jargon de l’argot, ou Le langage des voleurs dévoilé – Suivi des Nouveaux genres de vols et escroqueries nouvellement employés par eux – Et terminé par des Chansons en français et en argot – 1849

 

Pour plus d'informations : La Cité au temps de François Villon

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