La couturière de Privat

L’Eclipse attribue à Privat-d’Anglemont un trait tout à fait digne de ce roi de la basse bohème. Il avait trouvé un moyen ingénieux de sacrifier à la tyrannie du costume, sans orner son domicile d’aucune couturière. Il entrait dans la loge du premier concierge venu, à l’épouse duquel il tenait à peu près ce langage : — Madame, j’ai une visite à faire chez un de vos principaux locataires mais je m’aperçois à l’instant même qu’il me manque un bouton. Seriez-vous assez bonne pour me le remplacer ? Comment refuser un service si mince à un homme si poli ? Le bouton était bien vite remis, puis un autre, et parfois un troisième. — Me voilà présentable, disait alors Privat mais, toute réflexion faite, je ne rendrai ma visite que demain. Je ne vous remercie pas moins de votre complaisance. Le Figaro - 20 février 1869

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