Apaches contre Coeurs d’acier – 1903

Publié le : 20 juillet 20174 mins de lecture

Terrible combat à Montmartre – Pour l’Etoile des Fortifs – A coups de couteau et de revolver – Sept blessés – Trois arrestations.

Nous avons, à diverses reprises, raconté les exploits des Cœurs d’Acier de Saint-Ouen. Ces dangereux bandits, jaloux sans doute des lauriers des Apaches ont terrorisé pendant plusieurs mois les habitants de la banlieue nord.

Il y a quelque temps, traqués par la police de Saint-Denis et de Saint-Ouen, ils gagnèrent Montmartre et la Chapelle, où ils continuèrent à attaquer les passants attardés et à cambrioler les appartements dont les locataires étaient momentanément absents. De nombreuses arrestations furent opérées. Depuis quelques jours, on n’entendait plus parler des Cœurs d’Acier et la population montmartroise commençait il respirer, lorsque, hier, le bruit se répandit sur la butte que, pendant la nuit, les Cœurs d’Acier et les Apaches s’étaient livré un combat terrible sur les fortifications. Il y avait eu, disait-on, de nombreux blessés de part et d’autre.

Le_Petit_Journal_-_Apache

Nous nous sommes livré à une enquête, et voici ce que nous avons appris :

Déclaration de guerre

Dernièrement, la maîtresse d’Ernest Udo, dit « l a Tringle », le chef des Cœurs d’Acier, se laissa conter fleurette par un Apache, Achille Toulouse, connu dans le monde des rôdeurs sous le sobriquet de « Bat en Tifs », ce qui, en argot, signifie belle chevelure. Celui-ci enleva la compagne du Cœur d’Acier, Marguerite Guttard, âgée de vingt et un ans, dite « l’Etoile des Fortifs ».

Dès qu’il connut son malheur, « la Tringle » convoqua ses hommes. Au nombre d’une trentaine, ceux-ci répondirent à son appel.

Un grand conseil se tint dans l’arrière-boutique d’un débit de vin de la Chapelle.

— Les aminches, s’écria le chef, lorsque les Cœurs d’Acier furent réunis, les Apaches de Belleville viennent de nous déclarer la guerre. L’un d’eux a eu l’audace d’enlever l’Etoile des Fortifs. Nous ne supporterons pas une telle insulte.

— Vengeons-nous répondirent les autres lavons dans le sang l’affront qui nous est fait.

Fortifications de Paris

La nuit dernière, vers deux heures, les Apaches de Belleville, au nombre d’une quinzaine, se rendirent sur les fortifications, non loin de la porte de Saint-Ouen, où les Cœurs d’Acier leur avaient donné rendez-vous.

Armés de couteaux et de revolvers, les bandits se précipitèrent les uns contre les autres, en poussant des cris de rage. Attirés par les détonations, les hurlements des combattants et les gémissements des blessés, des gardiens de la paix et des employés de l’octroi accoururent en force.

A leur vue, Apaches et Cœurs d’Acier s’enfuirent dans la direction de Saint-Ouen, en emportant quatre blessés et en abandonnant trois. Ceux-ci, deux hommes et une femme, furent conduits à Lariboisière, où M. Carpin, commissaire de police du quartier Clignancourt, alla les interroger.

casquette

La femme, qui avait reçu une balle au front, n’était autre que « l’Etoile des Fortifs ». Elle avait tenu à accompagner son nouvel amant « Bat en Tifs », sur le champ de bataille. La « Tringle » l’ayant aperçue s’était précipité sur elle et, presque à bout portant, lui avait tiré un coup de revolver. La blessée était tombée dans les bras de « Bat en Tifs ». Le jeune Apache avait alors déchargé son arme sur son rival. La Tringle s’était abattu comme une masse, la mâchoire fracassée.

L’identité du troisième blessé n’a pu être établie.

Les autres combattants sont activement recherchés.

Le Matin – 19 janvier 1903

Le Paris des Apaches sur Paris pantruche

 

Pour plus d'informations : L’actrice et le gros Monsieur - 1844

À lire en complément : La morphine à Paris - 1888

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