La femme du prévot de Paris – 1564

Publié le : 20 juillet 20173 mins de lecture

« En 1564, le prévôt de Paris se nommait Hugues de Bourgueil ; brave, zélé, intègre, ce magistrat n’avait guère que deux défauts une bosse et une femme ; sa bosse était horrible, et sa femme était charmante.

Un jour, le parlement fit jeter dans les cachots du petit Châtelet un Italien, convaincu « d’avoir établi dans Paris des tripots où l’on enseignait à la jeune noblesse, aux clercs, aux écoliers de l’Université, à jouer, à escrimer, à corrompre les mœurs, à faire mille choses indignes de chrétiens et de Français. »

En sa qualité d’Italien, le prisonnier Gonsalvi essaya d’inspirer un peu de pitié à Catherine de Médicis. La reine mère daigna s’apitoyer sur l’infortune d’un compatriote ; elle respecta l’arrêt du parlement, mais elle prit la peine de recommander au prévôt de Paris un malheureux qui se vantait de porter le nom d’une illustre famille.

Hugues de Bourgueil s’empressa d’obéir à la reine : du jour au lendemain, Gonsalvi quitte son affreux cachot pour occuper une chambre qui touche à l’appartement du prévôt de Paris. Le voilà tout à fait l’ami intime de la maison ; il joue, il babille, il chante avec Hugues de Bourgueil, avec ses amis, avec sa femme… et le dénouement d’une pareille intimité ne se fait pas attendre.

Un soir, madame Marguerite, la femme du prévôt, s’empara fort adroitement de toutes les clefs que les geôliers venaient d’apporter à son mari. A trois heures du matin, elle ouvrit les guichets et les poternes, afin que la fuite de tous les prisonniers du petit Châtelet empêchât les sergents à pied et à cheval de courir sur les traces de Gonsalvi et de sa coupable maîtresse. Marguerite et le rusé Italien parvinrent à se dérober à toutes les recherches. Quant aux trois cents malheureux que les deux amants avaient délivrés, ils furent presque tous repris par les sergents du guet. Hugues de Bourgueil, dans cette périlleuse circonstance, oublia sa femme pour mieux remplir son devoir : il laissa partir Marguerite, mais il retrouva ses prisonniers. »

Les Prisons de Paris – Histoire, types, moeurs, mystères – Maurice Alhoy et Louis Lurine – 1846

Petit_chatelet

Le Petit Chatelet en 1717

Pour plus d'informations : Paris la nuit en 1910, par Georges Cain, conservateur du musée Carnavalet de 1897 à 1919

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